Fiche pratique à destination de ces parasites de chômeurs
A l’heure de la start-up nation, il est temps de quitter le canapé dans lequel vous avez profondément et durablement imprimé la marque de votre séant. Finies les matinées à faire le lamantin devant Motus en boulottant un paquet de chips bon marché saveur Barbecue.
Il faut vous rendre à l’évidence, vous êtes un parasite qui vit comme un prince au crochet du RSA, alors que les honnêtes travailleurs suent sang et eau pour vous payer votre pack de Kro.
Tel Pascal le Grand-Frère, cet article vise à faire de vous des forces vives de l’Hexagone.
1/ Les sites de recrutement
C’est aujourd’hui le mode le plus simple et le plus rapide pour trouver un emploi si vous êtes doué de facultés cognitives (et donc surqualifié pour le Pôle Emploi) mais pas assez bankable pour intéresser les chasseurs de têtes. Tout d’abord, sachez qu’il ne suffit généralement pas de créer un profil LinkedIn et de liker tous les articles de Jacques Attali pour que les offres ne pleuvent au seuil de votre navigateur. Il s’agirait de s’activer un peu et d’écumer les annonces pour trouver le job de vos rêves.
Difficile dès le début du processus du recrutement de sortir de cette masse de CV rédigés en noir, par des candidats sans espoir. Vous n’êtes en effet pas le seul raté à avoir envoyé votre candidature à Gonzague-Amaury de la Fistinière, DRH chez les surgelés Tricard pour un poste de Supply Croustibat Officer orienté front office. Vous devez donc à minima faire en sorte de ne pas vous démarquer pour les mauvaises raisons.
Pour commencer, évitez les fautes de grammaire, d’orthographe… et de goût. Oubliez d’office les modèles dispensés par Word ou pire, par Internet. De la sorte, vous éviterez par exemple les affres des Wordart ou de la typographie « Comic Sans MS » à votre recruteur. Et ce, même si vous avez lu récemment dans une interview de Philippe Starck, qui fait référence en matière de bon goût, que « Le Comic Sans MS, c’est un peu le comble du chic. Cette fonte est à la fois singulière et plurielle : elle incarne l’élégance tout en étant populaire. Elle est une source d’inspiration perpétuelle pour moi. Maintenant, cassez vous, je dois dessiner un panier à linge ».
Bref, privilégiez la sobriété et l’efficacité à la débauche d’effets de style. Il n’est pas forcément opportun de donner une forme de poisson pané à votre CV. Attention également à éviter les double-sens gênants dans votre lettre de motivation. Demandez-vous si vous aurez effectivement « tous les atouts en main pour mener le projet à terme avec succès ». Même si cela pourra vous aider à atteindre le stade de l’entretien, celui-ci pourrait ne pas se passer tout à fait comme vous l’imaginiez.
Si vous vous retrouvez enfin face à votre recruteur, vous aurez tout le loisir de lui montrer votre potentiel de symbiose corporate et de créativité. N’hésitez pas à lui suggérer par exemple de tirer profit d’événements tels que l’affaire « Courjault », pour lancer une nouvelle gamme de produits frais « Les délices de Véronique » avec la signature « Toute la famille passe au frais avec Tricard ». Vous montrez ainsi que vous saurez force de proposition au moment de réceptionner la livraison hebdomadaire de palettes de Croustibat.
Malgré tout, assurez vous de ne pas en faire trop. Il est bien connu que les recruteurs ne prennent jamais le risque d’embaucher des profils plus brillants que le leur, de peur de se voir congédier dans les mois qui suivent le recrutement d’un bellâtre aux dents aussi blanches que longues (on appelle cela la « jurisprudence Jean-Pierre Raffarin » dans le jargon DRH). Bref, rangez le croc de boucher et avancez masqué.
2/ Le Pôle Emploi
C’est une alternative qui a le mérite d’être tentée si vous éprouvez le besoin de passer un peu plus de temps au chômage. Mais cela risque également de monopoliser beaucoup de votre temps libre à faire la queue dans ce simulateur géant de bureau de poste à un horaire d’affluence.
Pire, une fois que vous aurez réussi à établir le contact avec les autochtones, vous vous verrez proposer nombre de postes qui ne correspondent aucunement vos qualifications. Tout porte à croire que l’algorithme du moteur de recherche a été développé de manière à exclure toute correspondance des offres avec votre profil. Sauf qu’après avoir refusé un poste d’ajusteur-soudeur de carlingues en milieu sous-marin puis un poste de traducteur-acrobate grec ancien / finnois, vous serez obligé d’accepter le poste de chauffeur de salle (vide) pour les spectacles de Smaïn. Il ne s’agit pas d’une mince affaire, même quand on est diplômé d’un Master en Droit Social.
3/ Créez votre entreprise
A défaut de trouver un poste, créez le vôtre ! C’est vrai, qu’au final vous ne manquez pas d’idées… Surtout après avoir passé votre après-midi à vous démonter la gueule au crack et à l’absinthe au zinc du « Café des 2 margoulins », tout en jouant au Rapido avec votre meilleure amie « Petit tonneau à paillettes » dont vous ignorez d’ailleurs le vrai nom. On dirait le synopsys du prochain film de Jean-Pierre Jauni, « Le fabuleux déclin d’Amélie Purin ».
Malgré tout, ne foncez pas tête baissée tel un chef de l’exécutif en quête de dissolution parlementaire après une disgrâce juppéiste. Trouvez le bon créneau pour garer votre petite entreprise. La France n’a peut-être pas besoin de Quick N’ Trottinette, un service de livraison de Quick N’ Toast en trottinette. Le Quick (en voie de disparition), étant à la restauration ce que la trottinette est aux moyens de locomotion [ndlr : la lie], les chances de survie de votre entreprise sont aussi minces que celles d’un ours polaire dans le désert du sinaï. D’autant plus que de nombreux concurrents aux moyens considérablement plus importants peinent à tirer leur épingle du jeu tout en proposant des options bien plus alléchantes (et sans trottinettes).
Enfin, évitez d’être plus royaliste que Stéphane Bern. Avant de passer vos journées à peaufiner votre coup droit au jokari pendant que les masses triment pour vous, il va falloir monter au filet pour ne pas essuyer de revers. Et rappelez-vous qu’être racheté par Google n’est pas un business-model. Vous pouvez toujours demander confirmation à votre banquier, mais il est fort probable que vous fassiez alors votre prochaine demande de crédit chez Cofidis.