Récit : le réveillon du 31 décembre à Levallois
Comme chaque année pour le 31 décembre, la France s’enivrait pour se convaincre que changement d’année rimait avec nouveauté. Avant de réaliser, une fois la gueule de bois passée que rien n’avait vraiment changé sauf pour les fabricants de calendriers dont la trésorerie débordait telle la Seine un jour de crue centennale.
Pour le réveillon, certains ont fait le choix de passer la soirée en se bâfrant de toasts à la mousse de canard devant le Cabaret de Patrick Sébastien pendant que d’autres préféraient faire s’entrechoquer leurs gobelets de mousseux bon marché sur un rond-point miteux. C’est un fait, les pauvres n’ont pas le sens de la fête.
Mais la bonne société a eu meilleur goût en s’exilant vers le paradis fluvial des Hauts-de-Seine : Levallois-Perret. Une fois son yatch solidement arrimé au Quai Charles Pasqua, il ne restait qu’à rejoindre la petite sauterie donnée en son fief par le divin édile, Patrick Balkany, moyennant une modeste contribution de 195€. Notre envoyé spécial, qui n’était pas sur place, nous raconte cette folle soirée, telle qu’elle s’est hypothétiquement déroulée. [NDLR : Aucune information n’a été vérifiée, car comme aime à le répéter notre rédac chef, Christophe Barbituriques : « La vérité est aussi pénible qu’un disque de Carla Bruni »]
Le film de la soirée
21h : Les Petits chanteurs à la croix de marbre, version surclassée de leurs homologues boisés, débutent la soirée en entonnant des chants de Noël comme Mon beau butin ou encore Il est courtier le divin enfant. Un cordon de prêtres à la soutane frétillante se forme soudain autour de la scène, qui se trouve rapidement évacuée.
21h30 : C’est l’heure de La Roue de la Fortune. Christian Hervé Morin débarque sur l’estrade, flanqué de la fameuse roue qui va déterminer l’augmentation annuelle des émoluments du maire. En 2018, c’est ainsi que sa rémunération avait bondi de 56%. Cette année, le grand tisonnier, qui a mis le feu aux bourses levalloisiennes fait chou blanc. Il passe même de justesse à côté du lot de consolation : la villa Mandarine à Saint-Barth’. Le coeur n’y est plus, mais Patoche, beau joueur, déclare « The show must go on » !
22h : Un groupe foklorique, nommé Balkany Beat Box s’avance vers le public. Devant les sonorités tziganes qui s’échappent de l’orchestre, le staff blêmit et s’inquiète pour l’intégrité des parcmètres de la ville. Rapidement les forces de l’ordre interviennent pour procéder à des contrôles d’identité. A la hâte, le DJ Laurent Garni prend les platines et lance le bal en jouant de grands classiques tels que Mon fisc, ma bataille, Savoir compter, La valise à mille francs, Flouze sentimental ou Les feuilles d’impôts mortes.
23h : Place à un nouveau concert. On découvre une Françoise de Panafieu métamorphosée et survoltée qui reprend les classiques de Catherine Lara, dont La Rockeuse de Diamants de Bokassa. Patrick Balkany annonce alors dans l’euphorie la création d’un Quai Valéry Giscard d’Estaing. Nouvel incident : la véritable Catherine Lara bondit sur scène pour faire cesser le spectacle à moins de percevoir des royalties. Fausse alerte, il s’agissait de Luc Plamondon.
23h59 : Patoche fait son retour sur scène pour égrener au micro les 10 dernières secondes de 2018, jusqu’à ce que la pendule se remette enfin à zéro. Puis conclut : « si on pouvait faire la même chose pour les affaires judiciaires, la vie serait belle ». L’assemblée est hilare. Le percepteur, moins.
Minuit : la foule est en liesse tandis qu’apparaît Johnny Bertrand, sosie physique approximatif de l’idole des jeunes et double vocal discutable de Plastic Bertrand. Le public fond sur une reprise de Gabrielle. Xavier Bertrand enflamme le dancefloor et tente une approche osée auprès d’Isabelle en se prétendant être un parent de Johnny Betrand. Patoche, furibard déclenche une droite républicaine à Bertrand, qui plane avant d’achever sa course dans la bâche en plastique qui ornait le barriérage. Bouquet final de cette belle soirée.