La SNCF, qu’est-ce que c’est ?
La SNCF est connue pour être le principal opérateur de transport ferroviaire en France. Elle exploite notamment le TGV qui a la particularité de ressembler de manière troublante à un sanglier lancé à pleine vitesse. Cette similitude a d’ailleurs été à l’origine de quelques méprises de la part des chasseurs, mais ce n’est pas l’objet de cet article.
On le sait moins, mais la SNCF est en réalité le fruit d’une expérimentation visant à prouver empiriquement la loi de Murphy. De l’achat du billet à l’arrivée à destination, elle procurera la pire expérience possible à ses usagers, qui resteront tributaires de la compagnie pour leurs déplacements futurs. La tartine ferroviaire s’écrase toujours sur la face du voyageur. En voici quelques illustrations.
1/ La réservation du billet : un aller simple pour l’enfer
Pour acheter votre billet, il existe 3 canaux qui vous feront chacun gravir les montagnes de l’agacement jusqu’aux cimes :
- L’achat en boutique SNCF : Cette solution est certainement la plus fastidieuse et aléatoire, car elle impose de prendre à minima 3 jours de congés et d’être muni d’un sac de vivres bien garni. Avec le risque de se retrouver face à un guichet qui ferme à 16h30. Suite à de nombreux malaises vagaux, la SNCF a décidé de mettre en place des solutions alternatives.
- Les bornes en gare : Equipées d’écrans prétendument tactiles (en réalité, il s’agit de plaques de granit), elles sont à l’origine de nombreuses luxations de l’index et d’achats indésirés de billets à destination de « BAR-LE-DUC » pour le malheureux client qui avait en toute bonne foi choisi « BARCELONE » dans le menu.
- Le site Internet OUI.sncf : Doté d’un algorithme puissant lui permettant de fonctionner par intermittence, le site vous propose de réserver votre titre de transport à l’aide d’un moteur de recherche. Sur la page de résultats, vous verrez tour à tour votre trajet en train disparaitre, réapparaître en triplant de prix, partir 3 jours avant, remplacé par 18h de car au départ de Limoges. Lorsqu’à bout de nerfs vous finissez par trouver un trajet qui semble vous convenir, n’imaginez pas poser une option sur le billet : elle aura expiré avant même que vous n’ayez eu le temps de cliquer sur « Valider ». Ultime provocation : l’écran indique qu’il s’agit des « dernières places disponibles à ce tarif ». Vous vous résignez alors à payer un tribut inOui à OUI.sncf. Pas sûr que cet élan de positivisme affiché dans les marques de la SNCF n’aide pour autant à faire oublier la douille budgétaire.
2/ Des infrastructures pensées (pour rentrer) avec les pieds
La SNCF déploie des trésors d’ingéniosité pour dépasser les limites du bon sens et compliquer la vie de ses usagers. On ne compte plus les voyages en absurdie affrétés par la compagnie qui desservent bon nombre de gares TGV désertes construites au milieu de champs de betterave, accessibles uniquement… après de longues minutes de route. Pratique pour les sangliers. Moins pour les humains en quête de mobilité. Autre paradoxe : des marchés publics qui donnent lieu à des commandes de trains trop larges ou trop hauts pour rentrer à quai, mais jamais assez grands pour absorber le flux de bétail de passagers en période de fêtes de fin d’années (bien qu’officiellement, il n’y ait point de surbooking sous les cieux de l’immaculée billetterie).
Ainsi va le calendrier de la SNCF où se succèdent les 4 saisons de la lose. Le soleil, ça brûle, la pluie ça mouille, les feuilles et le gel, ça glisse. De quoi remettre au goût du jour le célèbre tube de Charly & Lulu. Les intempéries, c’est le bouc-émissaire ferroviaire par excellence : l’excuse idéale pour justifier un incendie de motrice ou de transformateur électrique, une vitre brisée ou encore une signalisation défaillante. Le coup de la panne version SNCF, c’est l’art de transformer le client en patient. Ce ne sont pas les rescapés de la Gare Montparnasse infernale, si souvent paralysée par des pannes géantes qu’elle pourrait participer au Téléthon, qui diront le contraire.
A l’image d’un collégien qui rivalise d’inventivité pour excuser ses retards auprès de son établissement, les cheminots font eux aussi preuve de beaucoup d’imagination pour ralentir les voyageurs. On leur doit par exemple le lumineux concept de grève par intermittence de 2 jours tous les 3 jours inauguré en 2018.
En cas de problème d’éclisse, mettez vos lunettes de soleil et prenez votre mal en patience.
Dicton ferroviaire
3/ Boring boarding
Comme la SNCF depuis plusieurs décennies, nous allons faire l’impasse dans ce billet sur le réseau TER / Intercités, aussi efficient que le XV de France un soir de Tournoi des 6 Nations. Entre retards, réseau non entretenu et matériel vétuste, il vaudrait presque un article à lui seul.
La compagnie a en effet concentré son attention sur le réseau TGV qui sait toutefois lui aussi jouer avec les nerfs des passagers. Et ce, dès l’installation à bord.

Vous aviez demandé une place isolée côté fenêtre ? Raté, ce sera le « carré », côté couloir, dans le sens contraire de la marche. En fait, peu importe ses préférences de placement, l’usager finit invariablement à cette place qui met tant à l’épreuve sa bienveillance envers ses pairs.
Houellebecq faisait fausse route lorsqu’il plaçait Niort sur la première marche du podium de ce qu’il existe de pire au monde. Il n’a vraisemblablement jamais pris place au sein d’un « carré famille », quatuor de places pourpres qui catalyse les idées noires. Ce purgatoire ferroviaire impose de partager une intimité embarrassante avec 3 inconnus généralement détestables l’espace d’un trajet. Le carré, c’est un peu comme une loterie des gâcheurs de voyage à laquelle on ne gagne jamais. À qui le tour ? Un bambin qui hurle et qui confond votre chino avec un livre de coloriage sous le regard émerveillé de ses géniteurs dégénérés ? Ou bien des vieux croutons sentant l’ail qui s’abreuvent bruyamment de soupe de poisson froide, avant de s’endormir en bavant sur votre magnifique redingote en tweed tandis que leurs dentiers tentent une virée en solitaire vers le wagon-bar ?
Dans ces conditions, la grande vitesse peut sembler passablement illusoire. Et si par bonheur vous parveniez à vous assoupir entre 2 annonces-micro de Jean-Michel « votre chef de bord » – tantôt pour vous inviter à une escapade gastraumatique en voiture 14, tantôt pour faire étalage de son niveau en anglais digne d’un élève de 6ème B – votre répit ne restera que de courte durée. Bien que vous ayez pris le soin de laisser votre titre de transport en évidence, le contrôleur prendra un malin plaisir à secouer frénétiquement votre épaule avant de vous dévisager en examinant d’un air suspicieux la photo de votre carte 12-25 prise un lendemain de soirée qui chante comme Grégoire.
4/ La gastronomie sur de mauvais rails
Dans un train, on ne manque jamais d’occasions de mettre ses papilles en berne. Tout d’abord, au wagon-bar. Après 192 annonces sonores vantant le service de restauration à bord, vous finissez par craquer et vous diriger en transe vers l’espace dédié au snacking. Vous vous confrontez en réalité à un simulateur géant de bureau de Poste à un horaire de forte affluence. Lorsqu’arrive enfin votre tour, la moitié des plats proposés à la carte est indisponible. Las, vous jetez votre dévolu sur un sandwich triangle au plâtre et au saumon enfumé. Votre carte (bancaire) en revanche, ne sera pas débitée à moitié. Ne vous reste plus qu’à vendre un rein à la prochaine gare pour financer votre déjeuner.
Mais les passagers, qui en voient de toutes les couleuvres, en avalent parfois de bien pires. Connaissez-vous le kit « SNCF Assistance » ? Si non, jetez un oeil à cette vidéo d’unboxing (extrêmement) gênante. Ce plateau repas tragique, qui se présente sous forme de valisette en carton, est généreusement offert en cas de longue immobilisation de votre train. Comme c’est le cas lorsque le trafic est interrompu en raison d’un combat de catch de castors à poil dur sur les voies (« pour votre sécurité, merci de ne pas tenter d’ouvrir les portes »). En dépaquetant vos mets, vous vous préparez à un voyage dans le temps pour déguster un thon mis en boite à l’époque où VGE était encore président. Même un astronaute dépourvu de goût et d’odorat n’envisagerait pas de s’y risquer après 15 jours de jeûne à bord de l’ISS. Et ce n’est pas le bon de réduction dérisoire à valoir sur un prochain voyage en train remis à votre arrivée (expiration : quasi-immédiate) qui vous consolera de cette déconvenue culinaire ni des heures de retard de votre convoi.