Évangélismes de comptoir : à la tienne Ben’s !

En direct de la sacro-sainte buvette, religieuse taverne, haut lieu de recueillement, agenouillez-vous, païens hydrauliques ! Profanations au Vittel-menthe… assez ! Alors, levez le coude !

Entendons-nous bien, par « évangélismes » je ne parle pas des conneries lumineuses de notre maître Capello de la variété française, la saltimbanque de basse-cour d’élevage, j’ai nommé : Eve Angeli. Non. On va pas partir dans le lugubre. Que JCVD ne m’en tienne pas rigueur. (en meme temps ça serait intéressant – mettons – en prime-time, lâcher ce genre de bestioles dans un troquet « Pastis, Formica et grosses veines sur le pif »… pourun prototype, savant mélange de l’amour est dans le pré et de secret story. La redevance aurait un goût plus sucré. Une télé-réalité façon « massacre au tire-bouchon ». Épisode unique. On a tourné que le pilote. JCVD exaspéré par les frasques de l’adjoint au maire, le gros Robert, qui le traite de pédale sans arrêt. Ce dernier esquive un high-kick ambitieux, pas à gauche, et désanussage à l’opinel ! Le jeu de jambe du Belgo-Hollywodien s’en ressent de suite. Il titube, il gémît. S’effondre. K.O. technique. De son côté, Eve tombe amoureuse de Riton, bouseux de son état. Un bourrin de 56 piges qui vit chez sa mère. Son phrasé inimitable l’a séduite. Le délicat fumet de la gitane maïs, son teint beaujolais nouveau et son amour platonique pour les animaux. Entre nous ce mec n’a aucune dignité, faire les yeux doux à une dinde pour un enculeur de poules… ça la fout mal ! Ça c’est de la télé-réalité, c’est arrivé près de chez vous et c’est pas fini, en chacun de nous sommeil un Picard…)

Parlons peu, parlons bien. J’trouve un côté sacré aux bistros. Tenez, quand un mec, tonsure et soutane, probablement un habitué, me balance « Notre Père qui es vicieux, que ta soif soit étanchée, que ta cuite vienne, que ta volupté des soirs de fête se répande dans la terre du gerbanium… » eh ben je suis touché par la grâce. C’est ma tournée. Le gros rouge c’est son sacerdoce, il a un trou sous le nez. Il m’explique tant bien que très mal que ce serait le sang d’un type avec un nom de maçon qui aurait vécu y’a un bail. Encore un coup de Fabius, le sang ça l’connait ! N’empêche que je flippe, v’la que ce pinard a un goût de fer. On peut dire que ce soir-là Bacchus m’a fait plein de promesses et que c’est moi qui les ai tenues. La soirée qui passe pas même après trois lavages de chicos. Ça refoule du gosier, ça claque du museau. Y’a comme une vague odeur de sainteté…

Autre chapelle. « le bar c’est un endroit de dévotion » me lance un gaillard avec le foie au bord des lèvres. Le type qui porte les stigmates du pilier de comptoir, escarres aux coudes, vivacité de Paul-Loup Sullitzer et toujours le même futal. Grenouille de bénitier, oui ! Mais rempli de chartreuse ! Le zinc comme autel, le PMU comme sacristie, il prie et re-prie. Un fanatique je vous dis. Faire vœux de chasteté et de pauvreté c’est pas à la portée du pèlerin moyen. Une pomme et 3 litres de jaja comme unique distraction, c’est pas une sinécure. Cousteau et Walt Disney sont des enfants de Satan. L’Equipe TV, ça passe. Quand t’en as plein le cornet, des clébards qui bouffent des nouilles, des poissons qui parlent et une pâle copie de Jean-François Derek, ça vous fout les nerfs ! Foutre en l’air tout le boulot de St-Vincent c’est pas bien. On n’a pas idée. Par contre, méditer sur l’interview d’un bellâtre (Frankenstein mais sans les boulons qui dépassent !), un consanguin râblé, luttant avec une telle ferveur, contre l’illettrisme qui le ronge, a un côté biblique. D’un coup, la télé s’énerve. Sorti des tréfonds du journalisme d’investigation, l’animateur vedette, étron télévisuel, nous annonce THE info ! Le croulant démissionne… « Benoit 16-64… j’ai jamais pu le boire c’ui là ! » me glisse sournoisement le gamin accroché au flipper. No coment. Bref, fait chier ! C’est pas qu’ça me touche. Non. Mais ils auraient quand même pu attendre la fin du résumé de Lorient-Nice. 2-1 : un gros match !

Qu’à cela ne tienne. On élève notre esprit à grands coups de postillons. Ainsi soit-il. Amen.

Fais pas ta morue, partage !

Emporio Armaninejad

J'aime quand le rhum menthe à la tête, comme Maître Dupont-Mojito.