Petit guide du bon film d’horreur
Si vous comptiez sur nous pour parler cinéma d’auteur, merci de passer votre chemin. Nous on est plutôt films de merde. Mais attention, pas question ici d’analyser la dernière prestation de Joey Starr. Non, ce qui nous intéresse c’est les BONS films de merde. Et tant qu’à faire, autant s’attaquer à la crème de cette catégorie particulière du septième art : le film d’horreur.
Afin de vous aider à faire votre choix lors de votre prochaine visite au video-club automatisé du coin, Morue89 vous propose un petit guide du bon film d’horreur et plus particulièrement le slasher.
Note au lecteur : les scénarii des films d’horreur étant très manichéens, la suite de l’article va faire très fréquemment référence aux « gentils » VS « méchants ». Afin d’alléger le texte et d’éviter les redondances, les premiers seront parfois remplacés par Brian et les second par Jean-François Copé.
La mort originelle
Règle n°1 : mettre directement le spectateur dans de bonnes conditions. Afin de vous rappeler que vous n’êtes pas en train de regarder la s14e23 de Louis la Brocante, le film se doit de commencer par un bon petit meurtre ensanglanté. Autre avantage, cette scène initiale permet de faire connaissance avec le méchant et d’avoir toute la mesure de la sympathie du personnage : il n’est pas là pour enfiler des perles ou jouer de la guitare, il est là pour tuer parce qu’il est… méchant. CQFD.

Pas nés sous la même étoile
On a tous un pote loser, le mec un peu maladroit mais surtout très malchanceux du genre à se barrer de chez lui en laissant les clés dans l’appartement ou à s’endormir dans la rue et se faire voler portable et portefeuille. Sachez que ce n’est vraiment rien à côté de la vie des gentils dans les films d’horreur : ces gens là sont au minimum nés un vendredi 13, sous une échelle, en cassant un miroir. Ils partent faire une balade en forêt ? Ils se font coincer par une tribu de cannibales consanguins (Wrong Turn 3, 2009). Ils décident d’aller se défoncer la gueule dans un festival hippie ? Ils croisent malencontreusement le chemin d’un tueur en série qui a le bon goût de se déguiser en Ronald Reagan (The Tripper, 2006). Des jeunes sportifs américains ratent leurs trains ? Qu’à cela ne tienne, ils prennent le suivant mais pas de chance, ils vont devoir voyager avec des sadiques psychopathes adeptes du prélèvement d’organe (Train, 2008).
Merci France Telecom
Autre type de galère : ce foutu téléphone portable. Les opérateurs téléphoniques ont beau se targuer d’une couverture réseau de plus en plus grande, cela n’est jamais suffisant pour les rois de la poisse. Et quand bien même le téléphone affiche 5 barres de réseaux, c’est la batterie qui lâche. Dommage !
Mais ce n’est pas la fin des galères. Dans tout bon film d’horreur Jean-François Copé décide à un moment donné de poursuivre Brian qui se débrouille toujours pour trébucher comme une merde. D’ailleurs si Yohann Diniz cherche une reconversion, il ferait un très bon acteur de slasher. Et puisqu’on parle de sport, il est bon de noter que tous les méchants de films d’horreur sont des anciens coureurs cyclistes. Sinon comment expliquer que le méchant (qui marche) rattrape toujours le gentil (qui court) ? Encore un disciple du docteur Fuentes…

Et lorsqu’on court comme un demeuré sans savoir où l’on va, on finit par se perdre. Manque de bol le gentil se retrouve systématiquement dans le repaire du méchant. Un endroit toujours fort chaleureux : vieux articles de journaux et photos en noir et blanc accrochées aux murs (si ce sont des portraits, merci de découper les yeux), superbe collections de fœtus et de membres amputés soigneusement gardés dans des bocaux. Niveau hygiène, c’est la catastrophe. Une insalubrité qui ferait le bonheur de Danièle et Béatrice mais qui offrirait à coup sûr tout un tas de maladies à Brian s’il n’a pas ses vaccins à jour.

La fausse peur
Si à chaque moment de tension un personnage venait à mourir, le film ne serait qu’un enchainement ennuyeux de crimes. Pour remédier à cela et ne pas exploser le budget casting, les réalisateurs ont inventé la fausse peur. Lorsque la musique change pour annoncer un danger, sachez qu’une fois sur deux il ne va RIEN se passer. C’est seulement ce bougre Brian qui fait une blague ou Grisouille le chat qui rentre de soirée.
Les répliques
Parmi les répliques fréquemment utilisées dans les films d’horreur on retrouve le classique « y’a quelqu’un ? ». Bizarrement, aussi simple soit la question, personne n’y a jamais répondu. Aussi, il arrive souvent que le gentil tente d’instaurer un dialogue avec Jean-François Copé voire entreprendre une psychanalyse : «s’il vous plait je ne veux pas mourir », « pourquoi vous faites-ça ? ». Là encore, c’est silence radio et découpage de tête en guise de réponse.
Pour apprécier comme il se doit un bon film d’horreur, je vous conseille la VF qui donne droit à des répliques mémorables :
– « Ils sont en train de faire une putain de fondue avec Steeve !! » Brian dans Wrong Turn 4 observant une famille de cannibales en train de bouffer in vivo son pote.
– « Dans la chatte de ta mère» Un jeune-homme possédé répondant à la question d’un exorciste dans [Rec]²
Des stratégies à revoir
Surement la grande force des films d’horreurs : la capacité des protagonistes à élaborer des stratégies de survie totalement foireuses et vouées à l’échec. Situation classique : Brian et ses trois amis sont coincés dans une maison et Jean-François Copé les menace. Que faire ? Se séparer bien évidemment ! Et c’est parti : on va faire quatre groupes de un chargés d’inspecter respectivement le grenier, la cave, le cimetière et le laboratoire secret. Parfois, par le plus grand des hasards cette stratégie fonctionne et les gentils reprennent l’ascendant. Ils ont alors une occasion en or de tuer le méchant, mais en fait non… Ben oui c’est plus intelligent de s’enfuir blessé, seul, dans une forêt désertique avec un téléphone HS.
La fin qui annonce la suite
Le scénariste de film d’horreur a horreur du vide, impossible pour lui de conclure une oeuvre en mode happy end. Comme Samy Naceri, sa soif de violence est bien trop forte et l’histoire se termine là où elle avait commencé : en compagnie du méchant. Oui, il a pris cher à la fin du film mais il a survécu et en a gros sur la patate. Un désir de vengeance qui annonce une suite où il reviendra forcément plus malsain, plus sadique et plus pervers.
Enfin, si le film d’horreur semble faire la part belle au déchaînement de haine et à la frénésie de sang , les réalisateurs s’efforcent toujours d’amener au film une touche de poésie et de délicatesse. D’où la présence récurrente et subtile de paires de boobs, touchant directement à la sensibilité à fleur de peau du spectateur. A l’image de cette scène intelligemment pensée (Friday the 13th, 2009) :

Morue89 vous conseille :
- Wrong Turn 2 (2007) de Joe Lynch
- Drag me to Hell (2009) de Sam Raimi
- Evil Dead 3 (1993) de Sam Raimi
- Rec (2007) de Paco Plaza, Jaume Balagueró
- Friday the 13th (2009) de Marcus Nispel
- Appollo 18 (2011) de Gonzalo Lopez-Gallego